Deuxième Partie :

Renaud Lembo : 
« J'aime impliquer les gens dans mon travail! »
Renaud Lembo, issu d'une famille de
céramistes, il grandit dans les ateliers et y acquiert les premières bases de son
métier. En 1980, après avoir travaillé pour diverses entreprises : Garro, Bianco, Natoli, Olivier Roy, il ouvre son premier atelier. Il met rapidement au point une technique de gravure sur terre crue qui lui permet de produire des
pièces uniques. En 1989, il adapte sa technique, « Céramique signalétique ». Depuis, il a réalisé des plaques signalétiques et des panneaux muraux pour des particuliers, mais aussi dans l'espace public. Il expose régulièrement à Vallauris et ses alentours. De plus il a participé à des expositions de groupe en Allemagne et en Hongrie.
Les œuvres dans l'espace public:

1996         
signalétique village du Broc (06) - plaques de rue

1997         
signalétique village de Saint Agnès (06) - plaques de rue
« La Vague », Vallauris Plage, Golfe Juan - panneau mural

1998        
rond-point du CDIS, Saint Bernard, Vallauris - 4 modules
signalétique « rue Ramié », Vallauris, plaque de rue

2003
Monument du jumelage, Square Nabonand, Golfe Juan - panneau

2006
École Gachon, Golfe Juan - panneau mural

2008        
Cadrans solaires, Coaraze (06), réalisations après des modèles de Ben, Sosno, Henry Maccheroni et Fabienne Barre
Caserne de pompiers, Vallauris - Blason céramique

2009        
Céramicité avec Dominique Landucci, Carros, Les Blés d'Or - panneaux muraux
Renaud Lembo
11 bis, bld des deux vallons
06200 Vallauris
e-mail : renaudlembo@gmail.com

http://renaudlembo.com
« Je me suis débrouillé, que chaque gamin travaille sur une plaque. »
Astrid: En 2006, tu as fait un panneau mural 3m² pour l'école Gachon à Golfe Juan ...

Renaud :
Alors, l'école Gachon c'était un projet qui s'appelait « Terre et Orange ». C'était fait par l'intermédiaire d'une coordinatrice ZEP qui s'appelle Anne Duplay. C'est elle qui a fait ce projet et l'école Grandjean [École municipale des beaux arts de Vallauris] a participé à ce projet. Mais elle a eu besoin de quelques professionnels. Dans une réunion on a expliqué le projet et puis moi, ça m'a intéressé. Après, il y avait deux maîtresses qui ont fait une réunion à Grandjean et  j'ai présenté mon truc de signalétique. Et les deux institutrices de Gachon ont choisi mon travail, ce n'était pas un projet puisque c'était mon  travail.
On a travaillé sur un grand panneau: 2 m² et demi à peu près. Je me suis débrouillé pour que chaque gamin travaille sur une plaque. C'est la terre, qui est représentée dans cette forme de l'orange. Moi je n'ai pas choisi le sujet. Je les ai laissé travailler sur papier. Je leur ai demandé de faire des calques. Je suis descendu trois, quatre fois avec tout le matériel, parce que ça posait des problèmes de faire venir tous les gamins ici à l'atelier. On a travaillé sur ce panneau, ils ont travaillé avec moi, deux classes de cm2 et en parallèle, parce que ce n'est pas de la signalétique, ils ont chacun fait une petite plaque avec la signalétique autour de leur prénom.

Astrid : Alors c'était vraiment une coopération avec les enfants, qui vont voir le panneau après.

Renaud :
Oui, ce panneau est posé dans la cours de l'école. C'est adapté, il y a le prénom de chacun. Quand les gosses seront adultes ça sera rigolo, ils iront chercher leur enfant à l'école et verront que le panneau sur lequel ils ont travaillé est toujours là.

Astrid : Ce n'était pas un travail que tu as fait pour l'école à l'atelier, mais tu as fait avec l'école!

Renaud :
Moi, je n'ai pas du tout travaillé sur le sujet, sur le dessin, je les ai laissé vraiment. Moi j'étais que le réalisateur. D'ailleurs, le projet, je ne peux pas dire qu'il ne me plaît pas, mais je l'ai trouvé un petit peu moyen. Mais ils étaient contents du résultat.
Astrid : En 2008 tu as réalisé les cadrans solaires Coaraze. C'était commandé par la mairie?

Renaud :
Ah, les cadrans solaires à Coaraze, c'est tout une histoire. Paul Mari, le maire de Coaraze au début des années soixante, était copain avec Jean Cocteau. Un jour, il a invité Cocteau chez lui dans son village de Coaraze et Cocteau était enthousiasmé. Il a trouvé que Coaraze est le village du soleil. Et pour fêter ça, ils ont dit 'On va faire des cadrans solaires, on va demander à des artistes de dessiner des cadrans solaires sur un support céramique.' Alors, Cocteau était aussi copain de Gilbert Valentin, qui avait son atelier en bas de Vallauris. Donc les artistes, il y avait Cocteau et Valentin,il y avait Goetz [Henri Bernard], et trois autres artistes, qui ont travaillé sur des cadran solaires. Donc il y a celui de Cocteau, qui est très célèbre avec les lézards en métal.
Après quarante ans, la ville de Coaraze a eu envie d'avoir des nouveaux cadrans, faits  par des artistes contemporains. Ils ont parlé à Ben, ils ont parlé à Sosno, il y a Patrick Moya, etc. En fait, des artistes actuels. Et moi, j'ai réalisé celui de Ben, Sosno, Fabienne Barre et Henry Maccheroni.

Astrid : Est-ce que tu sais quelque chose sur l'inspiration des artistes?

Renaud : Non, j'ai seulement reproduit. J'avais peu de contact avec les artistes. Sosno, je le connais, mais je ne l'ai pas rencontré par rapport à ce travail. Maccheroni, c'est un artiste local aussi et Fabienne Barre, c'est une photographe, il paraît, un petit peu célèbre. Avec le calcul, qui était fait par quelqu'un autre, j'avais tous les éléments pour pouvoir travailler sur les panneaux, qui font presque 3 m². Et moi, je suis que le réalisateur, voilà.


Astrid : Alors tu n'as pas eu d'influence?

Renaud :
Non, c'est un peu le problème de mon travail. C'est à dire que les artistes ont tendance à nous utiliser, les céramistes, comme des fabricants de châssis. Plusieurs fois j'ai entendu des trucs de ce genre 'Le sculpteur ne va pas mettre la signature du type qui a fait le moule en bronze, qui a fait la bronze'. Bon, c'est vrai. Mais dans la céramique, moi, j'estime que quand je travaille trois mois sur une pièce assez importante, même si je suis payé, je tiens quand même à être mentionné. Déjà je signe. Je signe tout le temps.
Le cadran solaire de l'artist niçois BEN,
réalisé par Renaud Lembo ²
Cadran solaire de F. Barre
Le cadran solaire de Fabienne Barre,
réalisé par Renaud Lembo ²
Cadran solaire de Sosno
Cadrans solaire de Ben
Le cadran solaire de Sacha Sosno,
réalisé par Renaud Lembo ²
« Il a fait un énorme travail, Landucci! »

Astrid : J'aimerais bien maintenant venir sur le projet de « Céramicité » à Carros, parce que là, j'ai eu l'impression que c'était un petit peu différent.

Renaud :
Oui, oui, oui.

Astrid : J'ai lu les deux articles sur le site de Landucci, où tu n'es pas mentionné du tout. Mais comment était vraiment le développement du projet ?

Renaud :
Au départ, Landucci a eu besoin d'un support en céramique, bien sûr. Ils ont choisi la céramique, pour éviter que ce soit détérioré, parce que c'est un quartier assez difficile. Et un carrelage c'est plus difficile à détériorer.
Maintenant, je connais Landucci depuis pas mal d'années et il est passé cet été quand j'avais l'expo « Les cent têtes » et quelque part, je lui ai inspiré, entre guillemets. Il a adapté le projet en fonction de mes possibilités, puisque c'est moi, qui réalisera ce projet. Donc, il a essayé de voir le domaine dans lequel j'étais un peu à l'aise. Mais quelque part c'est vrai qu'il a un peu profité, puisque j'ai fait une expo « Cent têtes » et lui, juste après il fait un projet et il fait des têtes des gens, mais bon!

Astrid : Est-ce qu'on pourrait dire, qu'il a intégré aussi quelques chose de toi, dans le sens coopératif?

Renaud :
Oui. Bref, il y a toujours une ambiguïté dans ce genre de truc.
Céramicité Carros Landucci 1
Panneau du projet Céramicité à Carros
de D. Landucci, réalisé par R. Lembo
1
Astrid : Après l'idée avec les têtes, comment cela s'est-il passé pour avoir les modèles?

Renaud :
Il a photographié tous les gens. Il a fait un énorme travail, Landucci, attention! C'est pour ça que je revendique rien sur ce projet. C'est lui qui a bossé, lui qui était en contact avec les gens. Il a du courir derrière, parce que c'était assez compliqué. Pour la plupart, la population issue de l'immigration est musulmane. Ils ont une  approche un peu spéciale avec l'image. Ils n'aiment pas se faire photographier. Donc, au début il a eu beaucoup de mal, quand même. Par la suite il a refusé les gens, les gens qui ont voulu être sur le panneau. Mais maintenant c'est bouclé. Au début il a eu beaucoup de mal à trouver des gens, des gens du quartier. Finalement, il a déterminé une personne par famille, n'importe qui, le père, la fille, le fils, peu importe; il fallait absolument que ce soit une tête par famille.
Il les fait photographier, il a fait un travail sur l'ordinateur. C'est un travail rigolo, qui fait un peu bande dessinée. C'est un peu son travail. Il a fait plusieurs trucs comme ça.
Moi, au début ça m'a paru un peu surchargé le truc. C'est à dire beaucoup de têtes, beaucoup de couleurs. J'aurais préféré que ce soit un petit peu plus soft, mais comme c'est dans un endroit qui est un peu sinistre …
Céramicité Carros Landucci 2
Astrid : C'est vraiment appliqué dans son environnement!

Renaud :
Oui. D'abord il a préparé un questionnaire sur lequel il demande aux gens comment ils sont arrivés, pour quelle raison ils sont arrivés ici, les souvenirs qu'ils ont. Ces questions rentrent dans le cadre du quartier. Carros est une ville neuve, qui n'existait pas avant, donc c'est une histoire de racines, ce sont des anecdotes. A ces quatre panneaux, il a rajouté quatre visages qui ressemblent à des anges et qu'il a baptisé « Les gardiens de la mémoire ».
Panneau du projet Céramicité à Carros
de D. Landucci, réalisé par R. Lembo
1
C'est bien quatre personnes, qui gardent la mémoire, c'est a dire la tête des premiers habitants et l'anecdote et l'histoire qu'ils ont racontée. 

Ça c'est le projet de Landucci, je ne dois pas trop en parler. Mais c'est un peu la sculpture sociale, comme les installations de Muma. Ça va vers la direction du terme de la sculpture sociale, qui était inventée par Joseph Beuys. Le démarche de Landucci ressemble un petite peu à ça.
Ange gardien à Carros
Ange Gardien de Céramicité 1
La terre est représentée dans la forme de l'orange ²
Astrid : Est-ce que tu vois pour ton travail une différence entre un client privé ou public ou une œuvre qui est vraiment appliquée à son environnement comme maintenant à Carros ou avant à l'école de Golfe Juan? Il y a des différences pour toi, dans ton travail?

Renaud :
  Dans le privé les gens ont tendance à me laisser faire plus facilement. Ils proposent moins des choses que les municipalités ou le Conseil Général. Le Conseil Général t'impose quand même un peu plus de choses. Maintenant c'est faux pour le rond-point, puisque j'ai eu une grande liberté. C'est à dire que j'ai choisi les sujets moi même.
Quand tu travailles avec un artiste c'est sûr, que l'artiste veut reconnaître son œuvre. Donc, il va pas me laisser le choix. Avec Landucci on a discuté. On s'est mis d'accord sur certaines choses. Je lui ai fait des suggestions, il a plus ou moins accepté. Bon, on a essayé de faire un travail un peu commun. Bien que tout le travail de fond, qu'il a fait là-bas à Carros tout seul, c'était assez compliqué, comme je viens de l'expliquer.
Blason pompiers
Renaud : Tout à fait! J'ai essayé de trouver des éléments qui représentent les deux villes. En général, j'essaie de coller à peu près à la réalité du truc qu'on demande.
Qu'est-ce que j'ai fait d'autre dans cet esprit? Oui, quand j'ai fait le panneau pour les pompiers, le type est venu avec son écusson et là, il n'y a aucune originalité, voilà, c'est le blason pompier. Là je ne peux rien modifié. Il y a déjà quelqu'un qui a planché sur le sujet et voilà. Moi je ne peux que suivre la même direction.
Quand même, j'aime bien la reproduction, attention! Parce que la création c'est toujours un peu dangereux aussi. Tu es sur le fil du rasoir. La création ça peut être casse gueule évidement. Finalement dans la reproduction tu ne prends aucun risque. Le seul risque est que tu rates, que tu casses une plaque dans le four, et voilà quoi. Sinon, il n'y a aucun risque. La création c'est plus compliqué.

Astrid : Est-ce que tu as une préférence?

Renaud :
Les deux sont bien. L'idéal c'est d'alterner les deux. Le problème est que la création, ça te bouffe un peu, c'est à dire, tu rentres chez toi et tu es encore dans la réflexion. Si on te dit tu as tel truc à faire, tu n'as pas à réfléchir, tu dors bien la nuit. C'est vrai que c'est plus valorisant d'être créateur de quelque chose, d'une œuvre que simple réalisateur.
Le blason pompier de Vallauris -Golfe Juan,
réalisé par Renaud Lembo
Maintenant j'estime que mon travail de céramiste c'est tout les deux simplement, voilà. C'est de la création pour celui qui veut quelque chose de moi, et puis c'est intéressant aussi, j'aime bien, ça fait partie d'un tout je dirais.
« Les copains me disent 'Tu pourrais nettoyer ton rond-point'! »

Astrid : En avant tu as raconté, que tu as un client, pour qui tu as fait un cadran solaire et qui t'as dit, qu'il pense tous les matins à toi. Pour l'espace public, est-ce qu'il y a d'autres sentiments? As-tu aussi des réactions?

Renaud : Moi, j'ai des copains, qui travaillent à Sophia [Parc du Sophia Antipolis], qui me disent 'Je pense à toi tous les matins', ça arrive. J'ai des copains, qui me disent 'Tu pourrais nettoyer ton rond-point' tu vois, comme si c'était mon rond-point [en riant]. C'est vrai, parfois c'est sale. En hiver ils mettent les bombes fausse neige ….
rp St. Bernard
Il y avait un camion, qui perdait un sac de ciment. Moi, je l'ai vu, mais moi, je ne me suis pas arrêté pour nettoyer. Ce n'est pas mon boulot, je ne suis pas l'agent d'entretien de ce rond-point.

Astrid : Alors, ça ne t'appartient plus ? Ou peut-être encore petit peu ?

Renaud :
Oui, ça m'appartient un peu, mais non, je ne me vois pas du tout aller nettoyer mon rond-point tous les trois mois. Je peux même avoir des ennuis à le faire.

Astrid : Dans un jardin privé, le public est limité et dans le public il y a beaucoup des gens qui voient l'œuvre. Est-ce qu'il y a un différence pour toi?
"Je ne me vois pas aller nettoyer mon rond-point!" 1
Renaud : Oui, bien sûr. Par exemple « La vague » : il y a peut-être vingt-mille personnes l'été qui la voient, c'est valorisant!
De plus, ce que j'ai oublié de te dire, pour moi, cette vague, ce qui m'a intéressé, c'était aussi d'éprouver le matériau dans des conditions un peu difficiles, de sel, de sable, je vois des gens qui tapent leur serviette, plein des choses. C'est comme si on frottait avec du papier de verre. Et puis, depuis douze ans qu'il est en place, il n'a pas bougé vraiment. Ce n'est pas détérioré. C'était ce qui m'a intéressé, de le voir vieillir dans le temps dans un contexte un peu difficile. La céramique, ça peut durer des centaines d'années, peut-être. Maintenant dans mon bilan, je le dirais pas, mais je suis content de voir, sur dix ans, quinze ans, et j'ai des choses plus anciennes, j'ai des choses de plus de vingt ans, ça ne s'est pas vraiment détérioré, ce n'est pas abimé, donc, c'est quand même mon argument le plus commercial. Si je dis aux gens, c'est la céramique, c'est indétériorable, si l'émail se décolle au bout de deux mois, mon argument ne tient pas. C'est tout mon boulot qui est remis en question.

Astrid : Est-ce qu'il y a des désavantages quand tu es que le réalisateur? Quelque chose, que tu n'aimes pas? Par exemple, pour l'école, tu étais que le réalisateur, mais tu as travaillé aussi avec le premier public.
Vallauris Plage
"Depuis douze ans qu'il est en place,
 il n'a pas bougé vraiment!"
1
Renaud : Non, parce que c'est assez rare, que j'accepte un projet, qui me plaît pas. C'est assez rare. Je suis un peu difficile. La première chose est qu'il faut, que ça me plaise. Il m'est arrivé de faire des choses qui ne me plaisaient pas et ce n'est pas très réussi. Il y avait un problème de motivation. Si les gens se pointent avec des éléments moches, qu'ils veulent que je les reproduise sur plaque, je leur dis 'Non, voyez quelqu'un autre.' Ou je leur suggère quelques modifications. Moi, j'aime bien impliquer les gens. Dans un objet, qu'ils vont acheter, je trouve que c'est intéressant, quand je signe la plaque du Belge Marc plus Renaud, il était ravi, parce que quelque part ce n'est pas lui, qui a fait la plaque, mais c'est lui qui a fait le dessin. Donc, il y a une implication. Je trouve ça rigolo. C'est pour ça, que j'aime bien aussi être que réalisateur. C'est quelque fois intéressant.

Astrid : Comme ça c'est aussi un avantage, quand tu travailles avec un autre artiste?
Renaud Lembo
Renaud : Oui.

Astrid : Et si on parle de la différence entre le travail que tu as fait avec Ben et Sosno en comparaison de celui que tu as fait avec Landucci. Dans les trois cas, tu es bien le réalisateur, mais avec Landucci tu es plus impliqué.

Renaud :
Je suis plus impliqué, mais je reste quand même que réalisateur.

Astrid : Mais tu ne sens pas, par exemple que ton idée des cent têtes est là dedans?

Renaud :
Oui, mais oui, bien sûr!
"Je suis plus impliqué,
mais je reste quand même que réalisateur."
1
Astrid : Tu n'es pas fier, que ton idée est intégrée ?

Renaud :
Oui. Quelque part oui!

Astrid : C'était aussi pour impliquer des gens. Landucci aurait pu faire aussi quelque chose de totalement différent, aussi avec des gens, et tu aurais été que réalisateur, mais comme ça c'est aussi un peu une coopération?

Renaud :
  Oui, moi je le vois comme ça. Je ne sais pas si Landucci le voit comme ça [en riant]. Pendant la recherche du sujet, au tout début, moi je lui ai suggéré de faire un travail sur les plaques. J'avais pensé qu'il aurait pu faire sur papier ou des panneaux muraux de faire faire des tags à des jeunes, mais des beaux tags. Et on aurait pu reproduire sur céramique, là aussi, je n'aurais été que réalisateur, dans la mesure où je n'étais pas auteur des tags, mais je pense ça aurait été aussi une idée marrante. J'aurais bien voulu voir le résultat d'un tag en céramique.
En fait il n'a pas pris cette idée là. C'est vrai, ça l'a un petit peu intéressé, mais il a passé vers une autre direction. Et l'idée des têtes lui est venue le jour où il est venu dans mon atelier, ou j'avais l'expo des cent têtes.
 Dans le résultat c'est important que les gens soient impliqués!  Si les gens sont impliqués, c'est aussi quelque part une assurance pour que l'œuvre ne soit pas vandalisée.

Astrid : Alors, ton idée avec des tags reproduits sur les plaques céramiques, pourrait devenir un autre projet dans l'espace public, où les gens du quartier seront impliqués?

Renaud :
  Oui, pourquoi pas!

Astrid : Bon, en attendant des futurs projets, je te remercie beaucoup pour l'entretien!
L'entretien était fait le 14 mai 2009 entre Renaud Lembo et Astrid Gallinat.
Photos

1 © Stephan Goseberg

2 © Renaud Lembo

©  2009 ARTIFICIALIS
Paneau Ecole Gachon
Dans le privé, on peut avoir des clients, qui ont vraiment une idée en tête. J'ai fait un panneau pour un Belge, qui est collectionneur des bonzaïs. De plus, il aime bien dessiner. Le type m'a apporté son dessin, il m'a demandé de le reproduire. J'ai trouvé que son dessin était bien équilibré, il n'y avait rien à changé, alors on a signé Marc, son prénom et Renaud avec la date.
Après j'ai des gens qui n'ont pas d'idée du tout. Ils me disent  'C'est toi l'artiste, démerdes-toi!'  Dans ces cas là, je fais deux projets différents et je les laisse choisir. C'est un minimum de participation de leur part et pour moi, c'est plus confortable.

Astrid : Et quand tu n'as pas des directives, est-ce que tu fais attention sur l'environnement, quelque part? Comment tu es inspiré?

Renaud
: Je pose des questions aux gens, j'essaie de voir quels sont leurs goûts, hobbies, passions etc...Le travail qu'ils me demandent doit un peu leur ressembler, il y a un peu de psychologie là-dedans.
Le panneau de bonzaï,
signé Marc et Renaud ²
panneau de bonzaï
Astrid : Pour le monument du jumelage tu as aussi intégré des symboles de Vallauris et de Lindenberg?
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